André Saraiva, la consécration de Monsieur A

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Sep

André Saraiva, la consécration de Monsieur A

22.9.2022

André Saraiva, la consécration de Monsieur A

Du street art à l’entreprenariat, itinéraire du dandy parisien de l’art urbain

 

Portrait de l'artiste André Saraiva
©André

Un smiley cartoonesque élaboré dans un style de shadock est inspiré du tag s’est érigé comme une icône du street art hexagonal. Son concepteur, André Saraiva, était loin de se douter où le mènerait son alter ego aux traits fins, parfois affublé d’un chapeau haut-de-forme mais qui se distingue toujours par son sourire non feint, ses six brins de cheveux et son œil en croix.

 

Né en 1971 en Suède, André arrive à Paris à l’âge de dix ans. D’origine portugaise, ses parents, dont le père était peintre, avaient fui le pays pour tracer une ligne d’horizon, loin du régime dictatorial de Salazar. Passionné de street art depuis son adolescence, André invente en 1989 un personnage qu’il baptise Monsieur A. Son visage jovial et son style rudimentaire s’inspirent du fameux smiley qui défraye la chronique à cette époque. En parallèle à l’explosion de la culture rave en Angleterre, symbolisée par le visage jaune souriant qui fait la une des tabloïds du monde occidental, André s’acharne, sur un rythme d’une vingtaine par soir, à reproduire sa figure sommaire et customisée sur le mobilier urbain de la région parisienne.

 

La même année, le jeune artiste en devenir remporte un premier concours de graffiti organisé par le magazine L’Express.Il ouvre ensuite à Paris sa propre galerie, La mercerie d’André, où sont vendues ses toiles. Noctambule notoire lorsqu’il ne déambule pas dans les rues la bombe à la main, le graffeur devient dès les années quatre-vingt-dix une personnalité des nuits de la capitale. Ses deux passions vont alors dessiner l’itinéraire de ce street artiste dandy, reconnaissable parmi ses concurrents grâce à son style rock composé d’un blouson de cuir noir et d’un blue jean.

 

Personage Shadock graffé par André sur un mur à New York
©André

André, artiste et baron de la nuit de Paris à Tokyo

En 1997, des mécènes japonais, séduits par sa fougue artistique, l’invitent à se joindre à la scène tokyoïte. Il y trouve un accueil des plus favorables quant à sa démarche artistique et y tisse de nombreuses relations qui l’amènent à y revenir régulièrement. De retour à Paris, il ouvre en 2002 le concept-store Black Block, au Palais de Tokyo.

 

Deux ans plus tard, il s’envole à nouveau au Japon, sollicité cette fois-ci pour réaliser une fresque à l’occasion de l’inauguration du nouveau terminal de l’aéroport deTokyo. Il se retrouve en même temps exposé au Parco Museum de la capitale nipponne. Cette année-là, en octobre, André co-fonde avec son acolyte Lionel Bensemoun le club Le Baron, véritable raout parisien situé avenue Marceau et dont le logotype rappelle sans hésitation le chapeau de Monsieur A. Dès lors, il s’attache à exercer ses talents sous deux casquettes : artiste et entrepreneur. Au vu de son succès, son club va alors se décliner avec des annexes à Shangaï, Londres, New-York, Lisbonne et, bien évidemment, Tokyo.

Non seulement il signe la décoration intérieure de clubs, à l’instar du Castel, mais André est aussi le propriétaire de plusieurs hôtels. On lui doit les hôtels Amour et Grand Amour à Paris, ainsi que le Miramar à Fonte da Telha, près de Lisbonne. Ce dernier, inauguré pour la saison estivale 2018, a été designé par ses soins avec l’aide de son ami Charlie Hedin, fondateur de la marque danoise de textile Tekla. Quant à l’Hôtel Grand Amour, situé rue de laFidélité à Paris, il y figure son plus grand Monsieur A, d’une hauteur de 17 mètres.

 

Fresque de André sur le mur de l'hôtel Amour à Paris
©André / Hôtel grand Amour

Sur le plan purement artistique, les expositions de ses œuvres se multiplient rapidement aux quatre coins du monde. En 2010 a lieu Drawings, chez Colette, à Paris, où son travail avait déjà été accroché sept ans plus tôt pour WaltDisney, 75 ans de Mickey Mouse. L’année suivante, il se rend à LosAngeles pour afficher ses créations au Musée d’art contemporain et il est aussi invité à participer à la biennale de Venise. En 2014, c’est auMusée Frieder Burda à Baden-Baden, en Allemagne, qu’André expose. Plus récemment, on le retrouve en 2019 à la CFHILL Gallery de Stockholm.

Autre fait d’arme notoire, il a réalisé pour une commande publique lisboète un mur de céramique en carreaux peints. Artiste curieux et pluridisciplinaire, André s’est également penché sur l’audiovisuel avec l’écriture et la réalisation de courts-métrages ou sur la confection d’affiches de concerts imaginaires pour la série « Dream Concerts ». Il a même officié comme rédacteur en chef pour le magazine L’Officiel Homme, entre 2011 et 2015. Il y figure en couverture à trois reprises. Les publications anglo-saxonnes Oak Street et Exit Magazine ont quant à elles choisi de consacrer leur une à son alter ego Mr A.

André saraiva pose devant ses personnages Shadock dur un mur Rose à Los Angeles
©André / Photo By Décotrendy

Monsieur A, égérie de la mode

Porté par sa renommée internationale, André Saraiva attise le désir des créateurs. En 2014, il devient l’égérie des Galeries Lafayette Homme, photographié par l’illustre Jean-Paul Goude. Déjà, l’année précédente, il avait été sollicité pour réaliser une performance lors de la Fashion Week en descendant en rappel les grands magasins de la rue Haussmann tout en customisant une affiche de 100 m2 pendant un concert du groupe Citizens.

 

Dès lors, il apporte sa patte artistique dans le milieu de la mode avec une régularité annuelle. Pour la saison de Noël 2015, il est sollicité par la maison Sonia Rykiel pour une collection capsule. L’année 2016 marque sa collaboration avec le chausseur de luxe Bally. Un an plus tard, on retrouve le street artist signant des tee-shirts destinés au prêt-à-porter féminin pour la marque Uniqlo. Puis, l’année suivante, c’est avec la marque espagnole Mango pour une collection dédiée à son personnage.

 

L’inventeur de Monsieur A, sollicité de toutes parts, peut également se targuer de collaborations avec Weston, Belvedere, Kitsuné mais aussi avec le créateur Philippe Stark ou le chanteur de U2, Bono.Dernière en date, c’est Longchamps qui lui a demandé de customiser ses iconiques sacs Le Pliage pour une capsule en édition limitée.

 

D’un simple tag d’allure primitive, Monsieur A et son créateur André Saraiva ont contribué à la reconnaissance internationale de la french touch dans le street art.

MR A à  Los Angeles
Mr A
Panneau sans interdit revisité par André Saraiva avec son Logo smiley
© André 2022
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