Le MUR Oberkampf, une vitrine de street-art à ciel ouvert
Actualités
1
May
Le MUR Oberkampf, une vitrine de street-art à ciel ouvert
1.5.2021
Le MUR Oberkampf, une vitrine de street-art à ciel ouvert
Le mur d’Oberkampf est devenu une véritable institution du street-art à Paris. Depuis vingt ans, la crème des artistes urbains de France et du monde se relaient, toutes les deux semaines, pour faire vivre ce spot incontournable du 11ème arrondissement. Aujourd’hui, après 325 créations signées à Oberkampf et près de 30 murs àtravers l’Hexagone et la Belgique, le concept initié par l’association Le M.U.R a plus que jamais le vent en poupe.
Aux origines du concept,un panneau publicitaire détourné rue Oberkampf
À l’angle de la rue St Maur et de la rue Oberkampf, se niche l’un des spots de street-art les plus populaires de la capitale. Au détour d’une balade ou depuis le café La PlaceVerte, une façade murale de 8 mètres sur 3 dénote. C’est le MUR Oberkampf, une vitrine de street-art à ciel ouvert.
Le M.U.R, acronyme de « modulable, urbain et réactif »,est l’association à l’origine du concept. Fondée en 2003, son objectif est de promouvoirl ’art urbain en se réappropriant l’espace public. Aujourd’hui soutenue etreconnue par les autorités, elle n’a pas toujours été dans la légalité.
C’est au début des années 2000 que l’artiste Thomas Schmitt, dit Thom Thom, lance ses premières actions. L’objectif ? Détourner l’affichage publicitaire de larue Oberkampf ; le vandaliser, diront certains. Un an plus tard, il invitele peintre et sculpteur Jean Faucheur à coller une affiche sur ces deux panneaux détenus par la société Giraudy. Ensemble, ils sonnent le départ d’une grande aventure.
Le MUR Oberkampf, un espace d’expression artistique engagé
Très vite, le cercle s’élargit pour former un collectif d’artistes éphémère. La nuit du 24mai 2002, le groupe entend remplacer par des œuvres toutes les affiches publicitaires des 11e et 20e arrondissements. Le collectif Une nuit signe ainsi son manifeste politique, en interrogeant l’omniprésence de la pub en ville.
Plus qu’un acte destructeur, l’acte transgressif du groupe montre qu’une alternative est possible. Plus belle, plus interactive, plus vivante : celle du street-art. Parallèlement, l’association s’engage à créer une passerelle entre les artistes et le public, à se faire porte-parole d’un art gratuit et accessible à tous.
Une fois n’est pas coutume, la mairie adoube l’initiative en 2007, 5 ans après la naissance officielle de l’association. En collaboration avec Clear Channel, l’entreprise qui gère le panneau d’Oberkampf, les artistes ont carte blanche sur l’emplacement. « On a demandé aux annonceurs (Decaux, Avenir, Giraudy…)de nous laisser ces espaces, afin de sensibiliser le public à l’art urbain etfaire entrer l’art dans la vie des gens ! », explique Bob Jeudy, président de l’association Le M.U.R.
Les plus grands street-artistes défilent sur le mur d’Oberkampf
En guise de clin d’œil à l’affichage publicitaire que l’art a supplanté, le mur d’Oberkampf table sur la périodicité et le caractère éphémère de l’affichage. Chaque quinzaine, le mur fait table rase et se pare d’une nouvelle création. L’association propose alors à des artistes urbains du monde entier d’investir cet espace.
Toutes les techniques sont les bienvenues : graffiti, street-art, détournements ou installations, aérosol, acrylique, colle et encre… L’artiste est libre d’écrire une nouvelle page de l’histoire du mur, à son image. Plusieurs livres recensant toutes les créations sont par ailleurs sortis aux Édition Hermann.
Depuis plus de 10 ans,les plus grands artistes se passent le relais. Parmi les nombreux participants :Pierre Huygues, Jacques Villeglé, L’Atlas, Zevs, Obey ou encore Miss Tic, pour ne citer qu’eux. Le 17 avril 2021, l’abstraction en noir et blanc de Romain Froquet a remplacé le portrait coloré de Sitou Matt. Une transition symptomatique de la diversité des styles présentés. Il signe ainsi la 325e œuvre du mur, à voir jusqu’au 1er mai.
Le processus de création en direct, en véritable performance, suscite inlassablement la curiosité. Les passants s’arrêtent, observent l’artiste en plein travail, prennent des photos. Chacun y va de son selfie, fier touriste ou habitant du quartier, simple curieux ou amateur d’art urbain invétéré.
L’association Le M.U.R développe son concept avec succès
L’écho du succès du mur d’Oberkampf s’est répandu comme une trainée de poudre. Sur son sillage, il a donné naissance à 26 nouveaux murs, en France et en Belgique. Ces murs-galerie in situ ont éclos à Bruxelles, à Mons, à Orléans, à Strasbourg, à Marseille, à Dijon, à Bordeaux ou encore à Nancy.
Comme l’affirme Bob Jeudy, le concept d’Oberkampf a de beaux jours devant lui : « Les demandes se multiplient de façon spontanée. Tout le monde voudrait avoir son mur. Et désormais, l’accueil des mairies est super. Ma satisfaction, c’est devoir ce concept se multiplier et l’art urbain, vivre une pleine reconnaissance ».
Une grande victoire pour le street-art, révélatrice du passage de l’ombre à la lumière connu par ses partisans durant ces dernières années.